"Concentration, précision et bonne humeur"

«Les Jeunes Tireurs» depuis leur origine

 

C'est en rentrant d'un tir aux Planches Nicolet, en juillet 1917, que l'idée de fonder une société de tir germa dans la tête de notre Président d'honneur M. Henri Guex - Müller. Il avait pour complice Henri Regamey habitant précisément aux Planches Nicolet. Une ligne de tir à 100 m était reconnue et autorisée en cet endroit.

La perspective d'une nouvelle société de tir n'enchanta guère les autorités d'alors, car il y en avait déjà cinq : trois sociétés d'Abbaye, les «Armes de Guerre» et les « Tirs Militaires» qui fusionnèrent par la suite. Mais, tenaces et volontaires, nos deux fils de Tell avaient leur idée bien ancrée et c'est avec l'appui d'une dizaine d'autres citoyens que la nouvelle société vit le jour. C'était le 14 août 1919.

Tous très jeunes — ils avaient à peine vingt ans ou un peu plus — ils décidèrent de l'appeler « Les Jeunes Tireurs», Le comité était composé de Henri Regamey, président, Henri Chabloz, vice-président, Albert Chabloz, secrétaire, Henri Guex-Müller, caissier sans un sou ! C'est un certain Paul Trottet qui écrivit les premiers statuts, à la main bien sûr.

Ces membres disposaient de deux carabines du système Martini, transformées et pouvant tirer la cartouche du revolver d'ordonnance de 7,5 mm à poudre noire. Leur arsenal s'étoffa au cours des années qui suivirent et un tir à prix fut organisé en 1921.

Le pas de tir se trouvait près des buttes du stand à 300 m de Praz-Dagoud, soit à proximité du tracé de la RN 12, les cibles étant montées dans la ciblerie du 400 m, soit en direction de La Prélaz. Pour le marquage, des fils de fer furent tendus avec un grelot à l'extrémité afin d'avertir le cibarre pour lui demander la marque. Ce fut la première et dernière compétition organisée en cet endroit car, paraît-il, des projectiles soit-disant perdus furent entendus aux Chevalleyres - Derrière ! ...

Il semble bien que pendant quelques années, les membres de la jeune société eurent de la peine à pratiquer leur sport favori, faute de ligne de tir. Mais jamais ils ne renoncèrent, s'adonnant alors à la distance de 300 mètres en attendant mieux.

En 1937, ils mirent sur pied le Concours fédéral de section au pistolet regroupant les sections du district de Vevey. Cette épreuve fut une réussite avec une nombreuse participation. Le pas de tir se trouvait pour la circonstance en amont de l'ancien stand, aujourd'hui rénové et transformé en vestiaire pour le F.C. St-Légier et les buttes vers « La Pétroleuse» c'est-à-dire dans la direction Nord-Est

Quant aux pistoliers, ils utilisaient soit encore le revolver 1882, soit pour la plupart d'entre eux le fameux et désormais légendaire «Parabellum». Les deux sections — P.C. et pistolet — étaient déjà connues et s'illustrèrent à maintes reprises par d'excellents résultats tant individuels qu'en section.

Dans les années 60, le quartier de l'Arbériat se construisit rapidement. Celui-ci, situé dans la projection de la ligne de tir, n'était pas à l'abri d'un éventuel ricochet ou balle perdue. Il fallut déménager. le pas de tir à 50 m fut installé dans les bureaux du stand à 300 m de Praz Dagoud et la bonne vieille « cabane» de 1939 fut remisée sous la cantine où elle se trouve encore aujourd'hui, et utilisée comme bureau ou dépôt.

Pour la première fois, nous disposions de 4 cibles automatiques basculantes. Un réel progrès, puisqu'il n'y avait plus besoin de solliciter des cibarres ! C'était en 1962 et c'est à partir de cette époque que la section pistolet s'illustra par des résultats tout à fait remarquables, en section, en groupes et individuels tant sur le plan cantonal que national.

Les tireurs au petit calibre marquèrent un peu le pas. Les fusils longs et mousquetons vieillissaient, ce n'était plus des armes compétitives. Ils furent remplacés petit à petit par des carabines individuelles, armes de haute précision qui permirent à leur possesseur ainsi qu'au groupe et à la section de s'illustrer aussi bien que leurs frères d'arme pistoliers.

En 1969, sous la présidence de Paul Droz, nous vivons, une belle fête de tir interne, avec une dotation exceptionnelle, pour marquer le cinquantième anniversaire de la Société, et notre nouveau drapeau.

Puis vinrent les années 80 et la construction de la RN 12 qui sacrifia la ligne à 300 m, et par là même, le stand du Praz Dagoud. Celle à 50 m devenait hypothétique et mal vue des habitants voisins toujours plus nombreux ainsi que par les footballeurs qui regardaient d'un mauvais oeil cette ligne de tir subsister et représenter un réel danger lors d'entraînements ou matches simultanés des deux sociétés. La cohabitation devint de plus en plus difficile. L'existence même des « Jeunes Tireurs» était en jeu.

Mais durant ces vingt dernières années, l'effectif de la Société augmentait continuellement. Un solide noyau se constitua tant parmi les adeptes du petit calibre que les pistoliers.

Emmenés par un Riquet Guex-Saugy débordant d'activité, les tireurs du petit calibre défendirent les couleurs de Saint-Légier chaque année, dans de nombreux tirs cantonaux; les résultats d'équipe n'atteignirent pas des records, mais l'esprit d'équipe et l'ambiance étaient exceptionnels. Car en plus du tir, on aimait la gastronomie, les bons vins vaudois et les chansons populaires bien emmenées par les accordéons de Jean-Pierre Kôhli (dit Colinet) et d'Emile Saugy (dit Milon).

Depuis 1975, une nouvelle volée de juniors s'astreignait à un entraînement volontaire et très poussé. Les jeunes Guex, Gygli, Renaud suivirent les entraînements de la relève vaudoise, et les résultats commencent à porter leurs fruits. La section petit calibre remporte son premier titre de champion vaudois de groupe en 1984 avec Daniel Guex, Gérald Gygli, Françoise et Fabienne Guex, Marcelin Renaud. Daniel Guex obtient des titres individuels de champion vaudois air comprimé 1979, champion Suisse petit calibre match olympique 1984 avec 594 points sur 600, et champion romand à genou avec des passes de 98 et 99.

De nombreux autres juniors ont ensuite rejoint nos rangs et l'avenir s'annonçait et s'annonce toujours souriant.

Pour les pistoliers, les entraînements sérieux ne purent avoir lieu que depuis 1962, date de la mise en service des cibles automatiques. Sous la poussée de Jean-Daniel Vuadens, mordu du tir au pistolet, une vingtaine de tireurs fidèles firent de réels progrès, et obtinrent d'excellents résultats dans de nombreux stands de Suisse. La participation de la section dans de nombreux tirs cantonaux permit de gagner bien des lauriers. Par groupe, St-Légier participe à sa première Finale Vaudoise en 1966 avec Pierre Ducraux, Jean-François Molles, Emile Saugy, Louis Visinand, Jean-Daniel Vuadens et obtient un honorable 5e rang. A partir de ce moment, Jeunes Tireurs » participèrent à toutes les Finales Vaudoises remportant de nombreux succès dont huit fois le titre en neuf ans.

Parallèlement, ces mêmes valeureux pistoliers prirent part à plusieurs Finales Suisses de groupes à St-Gall dont la première en date remonte à 1970. Le groupe était composé de Gaston Pingoud, Emile Saugy, Emile Vionnet, Louis Visinand et Jean-Daniel Vuadens. Il obtient le 13e rang sur 32 finalistes et 1300 groupes au départ de la compétition. Le meilleur classement obtenu dans la cité des brodeurs fut un 5e rang en 1978, année où le même groupe fut sacré champion Suisse au pistolet à air comprimé au mois de mars à Kloten, devant Berne et Zürich.

Individuellement, de nombreux titres de champion vaudois sont ramenés à St-Légier, trop nombreux pour qu'ils soient mentionnés ici. Par contre nous citerons les exploits d'Emile Vionnet qui, entre 1978 et 1984 rafla 4 titres de champion Suisse au pistolet sport de gros calibre et 1 au pistolet à air comprimé, sans oublier son titre de champion d'Europe de police par équipe à Copenhague en 1983.

Une époque nouvelle débute ensuite avec le tir à 25 m. Le double portique de Praz-Hier  permet un entraînement régulier. L'essor du pistolet sport petit calibre (PSPC), plus agréable, plus silencieux, avec une munition moins coûteuse, ouvre des possibilités encore plus grandes à nos pistoliers.

L'actuelle installation sportive de Praz-Hier a été inaugurée en 1985. Elle est constamment modernisée et nous pouvons compter aujourd'hui sur du matériel SIUS de niveau olympique (cibles électroniques) pour nos activitls à 50 mètres.

Puissent les tireurs de demain connaître autant de bonheur que nous en avons connu, dans la poursuite de ce noble sport. Et que le drapeau de la Société vive d'innombrables heures de joie, d'effort et de succès.

Jean-Daniel Vuadens